Dans ce remarquable travail de recherche, Alexis Ndindabahizi met en lumière une évolution terminologique peu étudiée, il l'analyse en profondeur, la resitue dans son contexte historique, puis en déploie les enjeux et la portée systématique. « L'exhortation apostolique Amoris laetitia, écrit-il, a opéré un déplacement au sein de l'Église en matière familiale en privilégiant la notion de la "pédagogie divine" en complément de la "loi de gradualité" de Familiaris consortio ». Il souligne avec justesse que ce déplacement s'inscrit dans la perspective synodale de la « conversion missionnaire », qui encourage une attention plus grande aux personnes et aux familles en « situations irrégulières ». D'un point de vue théologique, le déplacement étudié par Alexis Ndindabahizi prolonge le mouvement de décentrement de l'Église amorcé au concile Vatican II lorsque la première constitution sur l'Église débute en affirmant que ce n'est pas l'Église, mais bien le Christ, qui est la lumière des nations (Lumen Gentium). Dès lors, l'Église ne peut plus revendiquer ses prérogaves pour enseigner une loi divine dont elle serait dépositaire : elle doit plutôt s'efforcer de servir le mouvement de la révélation divine qui rejoint les personnes dans leur vie concrète. (Extrait de la Préface par Philippe Bordeyne)