Aujourd'hui, c'est surtout l'engagement politique à l'extrême droite qui fait résonner le nom de Brasillach. Cependant, il a été jusqu'à son exécution, qui a eu lieu le 6 février 1945, l'une des voix les plus importantes dans le panorama intellectuel de l'époque. À côté de sa production romanesque, son oeuvre compte un grand nombre d'articles critiques, parus sur quelques-unes des revues les plus influentes de la vie littéraire française, et notamment sur L'Action française. Fondée sur une conception fortement subjective, voire instinctive, de l'analyse littéraire, la critique de Brasillach a été souvent qualifiée d'impressionniste. Cependant, si Brasillach revendique son goût personnel en tant qu'instrument privilégié de connaissance, il ne renonce pas à la faculté de juger. Par le biais de cette revendication, ses analyses littéraires se transforment en un acte de militantisme. La critique devient ainsi un champ d'engagement, où l'intellectuel militant doit choisir et prendre parti. Les interventions critiques que nous présentons constituent une fresque unique des années trente, dans la mesure où elles offrent au lecteur une clé d'interprétation puissante pour éclairer la production littéraire de cette période. Elles permettent également de réfléchir sur le rapport entre discours littéraire et perspective idéologique, liaison qui, dans l'entre-deux-guerres, est marquée du sceau de l'urgence comme jamais ce ne fut auparavant le cas.